COLECTIVO BOLIVIANO CANADIENSE


Le Congrès du travail du Canada demande au gouvernement une position claire sur la situation bolivienne

Posted in Política,solidarité par colectivoboliviano sur 21 septembre, 2008

2008-09-15 14:52

L’honorable David Emerson
Ministre des Affaires étrangères
Chambre des communes
Ottawa (Ontario)
K1A 0A6 

Monsieur le ministre,
Au nom des plus de 3,2 millions de travailleuses et travailleurs que représente le Congrès du travail du Canada, je vous écris aujourd’hui pour vous faire part de notre profonde inquiétude au sujet de l’atteinte portée actuellement à la démocratie en Bolivie et dans d’autres parties de l’Amérique latine.
Monsieur le ministre, nous vous exhortons à indiquer clairement à la communauté internationale que le Canada, comme d’autres pays des Amériques, ne reconnaîtra pas d’autre autorité en Bolivie que celle du gouvernement démocratiquement élu du président Evo Morales et qu’il ne tolérera pas d’ingérence étrangère appuyant les factions séparatistes dans ce pays affligé. Le président Morales a été élu démocratiquement en 2005 et la population de la Bolivie l’a de nouveau appuyé au cours du récent référendum révocatoire, auquel son statut a été confirmé par une majorité de 67%.
Vous n’ignorez pas, j’en suis sûr, que des groupes d’opposition de droite conspirent pour se séparer de la Bolivie depuis des mois, recourant à la violence et à des attaques racistes pour intimider et terroriser le gouvernement et la majorité des Boliviens et des Boliviennes qui l’appuie et tenter de provoquer une guerre civile ou un coup d’État. La stratégie est nettement dictée par le chef de l’opposition Oscar Urenda, qui a déclaré : « Nous n’accepterons pas la défaite. S’il doit y avoir un affrontement, il y en aura un et s’il doit y avoir une guerre, il y en aura une, mais nous ne nous laisserons rien imposer. Nous sommes suffisamment forts pour nous séparer de ce pays, et s’il faut que j’emploie à cette fin un bâton, une fronde ou un fusil, je l’emploierai…».
La semaine dernière, huit personnes sont mortes et des douzaines ont été blessées au cours de violentes protestations tenues par des groupes de jeunes de droite et des troupes d’assaut à l’incitation des gouverneurs des départements et d’autres chefs de l’opposition. À bien des reprises, ces groupes ont battu et abattu des gens et saccagé des bureaux du gouvernement et d’organisations autochtones et militant pour les droits humains. Les exportations de gaz naturel au Brésil et à l’Argentine ont été interrompues temporairement afin de saboter l’économie. Les pertes de vies humaines ont été les plus importantes dans la province du Panda, où des groupes paramilitaires armés de mitraillettes ont massacré plus de 60 paysans et où plus de 100 autres sont disparus. Les victimes ont été pourchassées, torturées et abattues avant que le gouvernement ne déclare l’état de siège afin de mettre fin au carnage. Ces actes horripilants ont fait l’objet d’un énorme tollé d’indignation de la société civile, des mouvements sociaux, des médias et de nombreux gouvernements de l’hémisphère.
Les événements récents portent à croire qu’il y a des indications selon lesquelles le président Morales a raison d’affirmer que l’ambassade des États-Unis soutient les groupes autonomistes violents en question et « conspire contre la démocratie ». Comme je suis sûr que vous savez, le président Morales a déclaré persona non grata l’ambassadeur américain Phillip Goldberg et a demandé qu’il soit rappelé de Bolivie après avoir documenté des mois de réunions, d’échanges et de contacts entre M. Goldberg et des chefs sécessionnistes. Le fait que le gouvernement de Washington refuse d’indiquer les groupes qu’il finance dans le cadre de son programme d’aide a pour effet d’accroître les soupçons et la méfiance entre les deux gouvernements et donne l’impression que les États-Unis contribuent aux efforts de déstabilisation et de renversement du gouvernement bolivien.
Les récents événements survenus en Bolivie rappellent le renversement, avec l’aide des États-Unis, de Salvador Allende, qui avait été démocratiquement élu président du Chili et qui croyait lui aussi qu’il pouvait transformer paisiblement l’État officiellement démocratique dont la direction lui était confiée. Les événements survenus en Bolivie et les rumeurs de coups d’État prévus pour le Venezuela et contre le tout nouveau gouvernement de Fernando Lugo au Paraguay portent de nombreuses personnes à conclure que l’Amérique latine vit sa crise la plus grave depuis le rétablissement de la démocratie à la fin du siècle dernier.
Monsieur le ministre, le Canada doit appuyer le droit de la population de Bolivie d’être gouvernée par un gouvernement démocratiquement élu. Le Canada doit offrir son aide au gouvernement du président Morales, directement et par l’entremise de l’Organisation des États américains, afin de favoriser un dialogue et de maintenir ouvertes les voies légales et démocratiques de règlement des divergences d’opinions et des conflits. Nous ne pouvons pas permettre à notre hémisphère de retomber dans des pratiques d’intervention militaire et de retourner aux jours sombres où les Pinochet de ce monde étaient au pouvoir.
De nombreux gouvernements de l’hémisphère se sont exprimés sur la crise. La campagne électorale en cours ne devrait pas empêcher le Canada d’exprimer son opinion en ce moment critique que vit notre hémisphère. J’espère bien voir le Canada prendre des mesures claires et concrètes pour aider à régler l’actuelle crise démocratique qui sévit en Bolivie et prévenir son aggravation tant dans les autres pays de la région qu’en Bolivie.
Agréez, Monsieur le ministre, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Le président,
kenneth V. Georgetti
c.c. : Dirigeants et dirigeantes et adjoints et adjointe exécutifs du CTC
Comité exécutif du CTC
Ambassade de la Bolivie à Ottawa